La Maternelle, quelle souffrance!

Publié le par Spoil

Voilà une semaine et demi que je joue au professeur de maternelle et le ressenti général est loin d'être positif.

Je travaille sans envie, je rêve de mes mercredis, et de chaque week-end et par dessus tout de la fin de ce mauvais rêve.

 

Après une semaine de réflexion, je commence à identifier les sources et les raisons de mon malaise pédagogique. La cause était simple mais j'ai tardé à mettre le doigt dessus.

Le plaisir que me procure mes CM en rapport avec les maternelle, ce contraste, cet abîme (« cette » à l'époque d'écriture!), ce fossé m'a ouvert les yeux sur la différence profonde, constitutive et délétère (« délétaire » à l'époque d'écriture!) pour moi entre ces deux mondes.

En effet, mon désamour de la maternelle provient du hiatus (« iatus » à l'époque d'écriture!) philosophique existant entre un professeur de presque-collège et celui du presque grand-enfant.

 

D'un coté, je libère ces esprits pubères, leur donne une vision intelligente parce que critique du monde, j'exprime mon amour le savoir tout en mettant à distance les préjugés, j'ouvre les yeux à ces dévoreurs de sciences en passe de devenir ados.

D'un autre côté, je joue au démiurge bienveillant menant des âmes innocentes et candides vers un monde normalisé profondément manichéen. Leurs esprits en construction, à la fois magique et vorace, ne peux recevoir une éducation non dualiste. La finesse du raisonnement de la voie du milieu ne peut qu'échapper à leurs psychés. J'ai l'impression de ne pas dire une chose intelligente de la journée, de leur créer un monde faux, un monde binaire, un monde rêvé, idéalisé, imaginaire, tronqué.

On dit souvent que le malaise adolescent provient de la confrontation du regard au monde réel. La lutte qui s'engage alors dans leurs yeux entre leur monde d'enfant et le monde des adultes et sa mécanique particulière, semble être la moteur de leur violence qu'elle soit physique ou symbolique.

Cette transition propre à notre occident moderne s'offre à moi comme une ineptie construite par notre culture.

La vison continue et pertinente du monde doit être installée le plus tôt possible dans leurs esprits, néanmoins elle ne peut arriver à l'âge de 5-6ans, ce qui m'empêche profondément d'exprimer ma mécanique fine et me rend infâme d'hypocrisie pour mon propre regard.

 

Janvier 2007, rassurez-vous mon point de vue a bien changé, vive AUSSI les maternelles

Publié dans Penser l'intelligence

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